MORT DE PHILIPPE POZZO DI BORGO, L’HOMME QUI A INSPIRé « INTOUCHABLES », LE CINéMA LUI REND HOMMAGE

Son destin hors du commun avait inspiré le film à succès « Intouchables » sorti en 2011. Philippe Pozzo di Borgo, homme d’affaires français devenu tétraplégique en 1993, est décédé jeudi à l’âge de 72 ans. Une information que Le Parisien a pu confirmer auprès de son frère aîné. « On ne peut pas imaginer ce qu’il a souffert. C’étaient des douleurs sans fin tous les jours, toutes les nuits, c’était insupportable », confie au Parisien son frère aîné, Reynier Pozzo di Borgo. « Mais grâce à cela, il a beaucoup fait pour le handicap. » « Son humour et son intelligence vont nous manquer » Quelques heures plus tôt, les réalisateurs du film Éric Toledano et Olivier Nakache avaient révélé la nouvelle sur les réseaux sociaux : « Nous venons d’apprendre avec une immense tristesse la disparition de notre ami Philippe Pozzo di Borgo. En acceptant que l’on adapte son histoire dans Intouchables il a changé notre vie et la vie de nombreuses personnes vulnérables et fragiles », ont-ils écrit. « Nous gardons l’image d’un homme courageux, digne, humble et combatif. Son humour et son intelligence vont nous manquer, poursuivent-ils. L’avoir côtoyé pendant toutes ces années fut un rare privilège. Nous tenterons de poursuivre l’ensemble de ses combats. Nous pensons fort à sa femme et à ses enfants. » « Il est décédé hier soir à Marrakech », a précisé dans la soirée à l’AFP Éric Toledano. « C’est un choc et c’est surtout une immense tristesse parce que c’est une relation qui a une longévité incroyable. On est resté en contact, on a fait des opérations ensemble ». François Cluzet : « Merci pour l’amour que tu nous a donné » Ce vendredi, le comédien François Cluzet a réagi à la mort de celui qu’il avait interprété, cloué dans un fauteuil, dans « Intouchables » en 2011. Il nous a fait parvenir ce texte pour rendre hommage à Philippe Pozzo Di Borgo. « Philippe était un être lumineux dans la nuit sombre de son calvaire, écrit l’acteur. Il chassait toute compassion en ne s’intéressant qu’à vous, il vous posait des questions et au bout de deux minutes, vous aviez oublié qu’il était en fauteuil. Je lui avais dit que j’essaierai de porter au plus haut les couleurs de sa bonté », explique l’acteur. « Quand Nakache et Toledano m’ont fait venir à la production pour essayer le fauteuil, j’ai voulu rester seul avant de m’asseoir dedans. J’ai pensé que j’avais eu le même accident que lui mais après être terriblement ému, j’ai tenté d’y mettre son cœur et sa joie de vivre. Pendant le tournage, l’effet de rester assis très longtemps sur ce fauteuil roulant faisait détourner l’équipe de mon regard. Je pense à tous ceux qui sont dans cette situation et que personne ne veut voir. Vole Philippe, vole très haut maintenant, il ne t’arrivera plus rien de mal et nous ne pourrons jamais t’oublier. Il avait donné ses droits aux metteurs en scène à la seule condition qu’ils réalisent un film drôle. Bravo Philippe et merci pour l’amour que tu nous a donné ». Une partie des bénéfices du film reversés à son association L’acteur Omar Sy, propulsé par son rôle dans « Intouchables », lui a également rendu hommage sur son compte Instagram, avec un message similaire. « À jamais dans nos cœurs… » Les Français connaissent une partie de son histoire : le comte Philippe Pozzo di Borgo, incarné par François Cluzet à l’écran, était un ancien homme d’affaires issu d’une grande famille de l’aristocratie. Victime d’un accident de parapente qui l’a rendu paraplégique en 1993, il avait besoin d’un « homme à tout faire ». Une amitié improbable naît alors avec cet employé, Abdel Yasmin Sellou (interprété par Omar Sy), issu d’une cité défavorisée. L’adaptation cinématographique a connu un immense succès : avec 19,5 millions d’entrées en France et 32 millions en dehors de l’Hexagone, « Intouchables » est à ce jour le deuxième film français le plus vu dans le monde, après Lucy de Luc Besson. Selon son frère, Philippe Pozzo di Borgo avait reversé son cachet perçu grâce au film (inspiré de son ouvrage, Le Second Souffle) à l’association Simon de Cyrène, dont il était le président d’honneur. Cette association vise à développer des maisons partagées entre handicapés et valides. « La réalité a pris le pas sur la fiction ! Philippe avait accepté l’adaptation à condition que 5 % des bénéfices soient reversés à l’association, ce qui a permis à Simon de Cyrène de prendre son envol et d’ouvrir les maisons partagées », confirme un porte-parole. Philippe Pozzo di Borgo partageait sa vie entre la ville d’Essaouira, au Maroc, où il vivait avec sa seconde épouse Khadija ainsi que ses enfants, et l’hôpital de Nantes (Loire-Atlantique) où il se déplaçait régulièrement pour recevoir des soins.

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